Qui sommes-nous ?

Notre projet

Carnet de voyage

Reportages

Top

Nous avions tout prévu pour faire de ce mois en Australie un moment fort pour Sportifs du monde : rencontre avec l’équipe Olympique de Rugby à 7, avec la championne de kayak Jessica Fox, la rencontre avec l’association Red Dust qui promeut l’activité physique auprès des populations aborigènes et enfin la participation à une compétition internationale de natation organisée par le Lycée Condorcet à Sydney. Le tout en traversant les paysages grandioses de la côte Sud-Est et du centre rouge en camping-car pour vivre une belle aventure familiale.

C’était bien sûr sans compter quelques perturbations virales qui nous ont fait revoir notre copie et opérer un virage décisionnel à 360 !

Nos derniers jours à Hawaï nous laissaient préfigurer un séjour Australien différent de ce que nous avions imaginé. Nous savions que nous allions être confinés 14 jours dès notre arrivée mais, surfant sur notre positivisme inébranlable, nous affirmions « cela nous permettra d’enfin nous poser, finir nos articles et vidéos, faire le CNED correctement, profiter de ne rien faire dans la superbe maison trouvée sur Airbnb » et puis on verra bien pour la suite.

Dès notre arrivée à l’aéroport de Sydney le 19 mars, nous apprenons que l’Australie fermera ses frontières dès le lendemain (nous avons eu chaud, ouf, on y est) et que notre « self isolation » signifie aucune sortie, même pas pour aller faire des courses. « Vous faites vos courses en sortant de l’aéroport » nous dit un gars pas commode à la douane. Le supermarché que l’on trouve en sortant de Sydney est dévalisé en cette fin de journée, il ne reste quasiment plus rien dans les rayons. Heureusement le lendemain matin, nous bravons l’interdit pour remplir notre frigo au supermarché local de San Remo, notre lieu de villégiature, situé sur la Central Coast à 1h30 au nord de Sydney. Les rayons sont pleins personne n’a de masque, aucun signe de corona attitude sauf le rationnement en paquet de pates et de conserves.

La maison est très agréable, lumineuse et dotée d’une grande terrasse en bois et d’un jardin donnant sur un lac ; il y a de magnifiques oiseaux partout autour. Vélos et kayak à disposition, nous entamons notre quarantaine remplis d’entrain !

Mais les nouvelles des jours suivants sèment le doute dans notre projet initial : l’Ambassade de France invite tous les français en Australie à rentrer en France car la fermeture des frontières et des liaisons aériennes va durer au moins jusqu’en juin avec un pic du COVID en Aout. Mais quelle folie de rentrer en France à ce moment-là : c’est la panique totale dans notre pays, la pandémie s’accélère, le nombre de morts augmente de jour en jour, les services de réanimation sont saturés, pas de masques, pas de matériel… Les transits en avion et dans les aéroports pour rentrer vont augmenter le risque d’amener le Covid en France ou de le choper. Après quelques tergiversations et coups de fils, nous décidons de rester en Australie, quitte à rester deux mois au lieu d’un. C’est plus safe et bien moins tendu. 

La vie est douce, footing, vélo, kayak, circuits training sur la terrasse, balade au bord du lac…en respectant le distances sociales dès que nous croisons quelqu’un (il n’a quasiment personne sauf le WE), petits déjeuners dehors, apéro avec les bières locales, superbes couchers de soleil et ciels étoilés.

L’actualité nous rattrape très vite. Le premier Ministre Australien prend des dispositions d’urgence face au COVID même si l’Australie n’est pas encore beaucoup touchée avec un foyer infectieux plutôt localisé à Sydney : la population ne doit sortir que pour les déplacements nécessaires et seuls les magasins de première nécessité restent ouverts. Ca sent le roussit, l’Australie ayant environ15 jours de retard avec la France dans l’évolution de l’épidémie, on s’attend au pire. Puis c’est au tour des plages de Sydney de fermer suite à une forte concentration de personnes le week-end précédent. Enfin, les Etats annoncent au fur et à mesure la fermeture de leur frontières et une quarantaine obligatoire pour quiconque rentre dans l’Etat.

Tous nos rendez-vous sportifs d’abord décalés de 15 jours doivent être annulés

Nous suivons les réseaux sociaux et les groupes whatsapp des français et familles en Australie qui nous permettent d’avoir de précieuses informations. On lit que le trafic aérien pourrait être bloqué jusqu’au 30 septembre.

On pèse le pour et le contre, on prend l’avis des amis, on essait de se projeter mais tous les faisceaux d’indices nous amènent à penser qu’il va falloir rentrer : refaire 14 jours de confinement si on change d’Etat, ne pas pouvoir visiter les lieux touristiques qui ferment les uns après les autres, bien sûr ne pas pouvoir rencontrer les sportifs que nous avions prévus d’interviewer, risquer de rester en Australie jusqu’en juin sans savoir si nous pourrons poursuivre en Asie ensuite. Et puis nous sommes un peu fatigués de ce yoyo émotionnel quand chaque jour nous apporte son lot de mauvaises nouvelles dans le monde entier.

Nous décidons de partager avec les enfants nos doutes et de les informer du contexte. Titouan sourit car il lui tarde de rentrer à la maison. A notre grande surprise, Sohan nous dit qu’il s’est habitué au voyage et qu’il préfère continuer à découvrir le monde qui lui semble plus safe ici qu’en France. 

Le soir même le Ministre Australien s’exprime : ça sent le locked down imminent… avec un possible retour à la normale dans 6 mois. 

23h La décision est prise : on rentre. On envoie aussitôt un message à l’agence de voyage qui gère notre billet d’avion tour du monde.

Les Jeux Olympiques sont reportés, c’est vraiment le bordel partout !

Tant de jours de travail pour à peine 3 mois de voyage. Comment finir le projet « sportifs du monde » ? Quand repartirons-nous en voyage ? Pourquoi faire ? Et les partenaires ? C’est au moment où nous allions prendre notre rythme de croisière que nous devons rentrer. Il est 3h du matin heure locale, et je me dis « quel désastre » !

Le lendemain nous savons que notre billet retour est prévu pour le 28 mars via Hong Kong, soit 4 jours avant la fin de notre confinement. On va quitter l’Australie sans même avoir vu un seul kangourou… C’était sans compter sur l’annonce de la fermeture de l’aéroport de Hong Kong quelques heures après ….

L’ambassade nous invite à réserver un billet de retour sur Qatar Airlines, la seule compagnie qui semble bien vouloir assurer encore des vols jusqu’à Paris car les vols de rapatriement des français en Australie ne sont pas du tout encore calés.

Nous achetons un billet pour le 12 avril mais nous sommes toujours saisis de doute entre attendre le 12 avril ou essayer de partir plus tôt. Mais pourquoi partir plus tôt ? Nous n’avons pas forcément envie de rentrer en France très vite, la vie est paisible en Australie et le 02, nous pourrons aller un peu nous balader pour enfin découvrir autre chose que le devant de notre maison.  

Du jour où notre décision de retour est prise, nous lâchons enfin la pression et profitons de notre fin de quarantaine. Il faut refaire quelques courses… Drôle de sentiment de braver un interdit pour aller se nourrir ! Et l’océan situé à quelques kilomètres nous appelle… patience !

Nous regardons peu les informations venant de France, elles sont anxiogènes et sans les dénier, nous composons plutôt avec les habitudes des Australiens, les nouvelles de l’ambassade de France et de nos groupes whatsapp. C’est sur les réseaux qu’une députée française en charge des affaires étrangères fait le point en direct live sur les conditions de rapatriement des français à l’étranger. Elle est très claire et franche : le gouvernement français se démène, les annonces de timing faites par le ministre de l’intérieur ne seront pas tenues, le contexte international aérien est très complexe et les négociations avec les compagnies aériennes étrangères prennent du temps. Une chose est claire : l’ambassade proposera dans les jours à venir des vols de rapatriement des Français en Australie.

En attendant les mesures se renforcent ici dans le New South Wales : pas de rassemblement de plus de 2 personnes sauf en familles, l’accès à la plage est limité aux activités sportives et les promenades touristiques sont bien sûr interdites. On entend des rumeurs sur la fermeture probable de l’aéroport de Doha, celui par lequel nous transiterons le 12 avril…Petit coup de stress mais l’ambassade nous confirme le maintien des vols par Qatar Airways au moins jusqu’au 15.

Sortie de quarantaine et bilan 

Enfin le jour de fin de quarantaine arrive, le même jour que le vol de rapatriement Sydney Paris organisé par l’Ambassade et que nous avons choisis de ne pas prendre.  La première chose que nous faisons est d’aller à la plage : le soleil est doux, les vagues sont magnifiques et la plage s’entend à perte de vue. Puis c’est parti pour la quête aux fameux kangourous : à priori il y en a à 20 minutes de la maison, à côté de l’hôpital psychiatrique. Armés de patience et de courage, nous rentrons dans le parc national guettant le moindre mouvement …le premier kangourou que nous voyons se cache, le deuxième nous jauge de loin, le troisième traverse devant nous en sautant et le quatrième vient à notre rencontre ! Il faut dire que l’accès au parc a été fermé aux touristes qui venaient par bus entier voir les kangourous et leur donner des carottes. Cela les a rendus fous et un kangourou a blessé une touriste. Donc aujourd’hui les kangourous s’approchent sans problème pour voir si tu n’as rien à leur donner à manger ! Quelle belle expérience, les enfants étaient ravis, et nous aussi.

Avant que d’autres interdictions de déplacements ne tombent, on va visiter Sydney, enfin visiter…voir l’Opéra, le jardin botanique et The Rock (la baie autour de l’Opéra). Sydney est morte…seuls les joggeurs sont de sortie, les magasins sont bien sur fermés mais nous trouvons à notre grande surprise (commerce de première nécessité) un merveilleux glacier ouvert. 

On a vu les kangourous, on a vu l’Opéra, on a vu Bondi Beach (sans personne car fermée)…on peut rentrer ! (savoir se contenter de ce qu’on peut voir et avoir). 

Il reste encore une belle semaine pour se baigner, admirer les couchers de soleil, jouer dans les dunes, faire du bodyboard, faire des randos dans les parcs nationaux alentours, pécher des petits poissons, essayer de les garder dans un bocal… et se préparer à rentrer en France, abandonner notre projet et reprendre la vie comme nous l’avions laissée.

Notre dernière journée avant de prendre l’avion est réjouissante : une belle plage, du soleil, un bon burger frites en take away, une petite balade avec nos amis Christophe et Kate (en restant à 2 mètres les uns des autres) et la visite du parc Olympique, là même où il y a 20 ans, Romain participaient à ses premiers Jeux. Un petit vent d’émotion nous traverse d’être là avec nos deux garçons face au stade d’échauffement !

Il est temps de rejoindre l’aéroport de Sydney, mettre nos masques et fermer le rideau. Un premier vol de 15 heures jusqu’à Doha (où l’aéroport est quasi vide), 3h d’escale et un dernier vol de 6 h pour paris CDG où nous attend notre voiture de location. 24h avec un masque sur le nez ce n’est pas super fun mais nous sommes arrivés et il ne nous reste plus que 5h de route pour rejoindre notre maison à Bordeaux où nous arrivons à 21h45. L’arrivée sur la rocade de nuit et sous la pluie nous remet bien les pieds dans la réalité ! Depuis l’arrivée à CDG, nous avons l’impression d’être dans un film post apocalyptique, c’est très étrange comme ambiance…

A l’heure des bilans, je crois que ce qui me gêne le plus dans notre retour précipité c’est de ne pas avoir passé le cap des trois mois, celui qui permet de trouver un rythme de croisière en famille, celui qui te fait lâcher prise et profiter de chaque instant.

Alors que le Pérou était aux yeux des enfants « le pire pays qu’on n’ait jamais fait » ( Sohan a été malade, on a vu de la misère et des conditions de vie très rudimentaires, on a fait beaucoup de bus), c’est bien nos expériences péruviennes qui les ont les plus marqués. Ce pays est très attachant, on a beaucoup bougé et avons vu et vécu beaucoup de choses comparé aux autres destinations. Cela les marquera longtemps et nous en sommes très fiers.

Est-ce que « sportif du monde » doit reprendre où nous l’avons laissé quand cela sera possible ? 

Non, nous ne le pensons pas. Un projet a un début et une fin. Ce sera surement autre chose mais aujourd’hui la question ne se pose pas dans ces termes face à l’incertitude de nos futurs déplacements et surtout face à la nécessité pour nous tous de changer nos modes de vie et nos habitudes. J’en viens à me demander alors si aller à Tokyo assister aux JO en Aout 2021 n’est pas une aberration ? De France, le Japon est très loin et le déplacement en avion a un impact

environnemental fort. Pourquoi ne pas attendre Paris en 2024. En même temps nous avons tellement envie de découvrir l’Asie et y faire de belles rencontres.

Merci à tous pour votre soutien, vos lectures, nous espérons avoir posé une pierre à l’édifice de la découverte du monde que chacun s’est approprié comme bon lui semblait.

A suivre la soirée des partenaires en septembre avec la diffusion d’un petit film résumant notre trop courte mais intense aventure !