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Hawaii, c’est un archipel volcanique au milieu du pacifique et c’est sur une des îles principales, Ohau, que nous avons décidé de passer 15 jours. Notre guide canaulais Rico Leroy connait parfaitement cette île et puis cette île, c’est le berceau du surf. 

Ancien perchiste du Nord de la France, Rico est depuis plus de 20 ans un « waterman », un touche-à-tout des sports de glisse sur l’eau (surf, tandem, foil, pirogue…) et surtout quatre fois champion du monde de surf tandem avec sa partenaire Sarah Burel et Champion d’Europe de stand up race. Il restera avec nous tout notre séjour pour nous aider à comprendre les origines et les valeurs du surf, désormais épreuve olympique : rencontrer les surfeurs hawaïens va être notre défi même s’il semble qu’entrer dans leur intimité est plus difficile que ce que l’esprit « aloha » quotidien laisse paraître…

Ohau abrîte la célèbre ville d’Honolulu où se trouve le non moins célèbre spot de surf de Waikiki. Les vagues y sont régulières, plutôt petites en cette saison, ainsi quiconque peut s’essayer à cette activité n°1 que ce merveilleux environnement rend très accessible. Karine prend son premier cours avec Rico et enchaine trois sessions, pas peu fière d’arriver à prendre des vagues, sous l’œil protecteur de la statue du Duke qui trône devant la plage, des colliers de fleurs autour du cou. On comprend tout de suite pourquoi le surf s’est répandu ici dès le 15eme siècle! A l’époque, les chefs de tribus montaient sur leur planche pour montrer leur puissance, et prenaient leur reine avec eux en tandem. Je n’ai pas fait de tandem avec Karine…

Duke Kahanamoku est un beach boy hawaiien pure souche, et champion Olympique de Natation en 1912. Le « Duke » c’est aussi le père de l’ère moderne du surf ! Lors de ses déplacements en compétition de natation, il transportait sa planche et surfait sur la côte est et la côte ouest des États-Unis ainsi qu’en Europe . Il fait ainsi découvrir le surf au monde et on peut finalement dire que c’est L’olympisme qui a propulsé le surf à l’international!

En regardant la piscine naturelle longue de 100m ou s’entraînait le Duke à Waikiki (aujourd’hui fermée pour vétusté), nous apprenons qu’Hawaï a gagné plus de 61 médailles Olympiques en natation.  Aujourd’hui le Duke est encore très respecté comme grande figure de l’histoire de l’île, du surf et de l’esprit « Aloha » : donner tout ce que tu as pour faire en sorte qu’il soit meilleur que toi. 

L’île d’Ohau compte des dizaines de spots dont certains font partis des plus renommés du monde : Pipeline ( la vague la plus meurtrière du monde !!), Sunset dans le North Shore ou Makaha à l’ouest. Ici les surfers choisissent leurs spots selon les saisons et selon leur « jouet » : longboard, shortboard, bodyboard, foil… En cette saison, la plupart des surfers pro sont déjà partis en Australie, à priori John John Florence, un des surfers les plus talentueux de sa génération, qualifié pour les JO de Tokyo, est toujours sur l’île. Mais nous n’arriverons pas à l’interviewer.

Makaha est la partie la plus sauvage de l’ile et nous choisissons d’y séjourner 9 jours. Les conditions sont bonnes pour nous, 1m50, peu de monde à l’eau, mais surfer la vague de Makaha implique le respect de quelques consignes préalables. Consigne 1 : le surfer local a la priorité sur le nouveau venu, il faut accepter de leur laisser les vagues pour être accepté sur le spot. Consigne 2, celle que tout le monde connait, le surfeur le plus proche du pic est prioritaire. Finalement ce n’est pas si clair, je me fais « braquer » une vague par Mélanie Bartels, ancienne pro surfer. Rico nous présente et nous discutons un peu dans l’eau en attendant les vagues. 

Mais la culture sportive hawaïenne ne se résume pas à la seule pratique du surf. La pirogue est également une activité très développée. Il existe depuis 1952 une course internationale légendaire « la Molokai » 50km entre l’ile Molokai et Oahu. Cela tombe bien, nous apprenons qu’il y a une course préparatoire à la Molokai en downwind, c’est à dire sous le vent, dans quelques jours. Rico nous trouve une pirogue OC2 et je pars avec lui faire la course. Un défi à deux, alors que nous ne sommes pas du tout entrainés, surtout moi d’ailleurs! Une heure intense à prendre des Bumps, c’est à dire les petites houles qui nous permettent d’accélérer tout en récupérant. Pendant la course le matériel nous lâche, le gouvernail à pied casse, nous tombons à l’eau, nous arrivons à le réparer, mais notre pirogue a pris l’eau. Dans les bump maintenant nous faisons un peu le sous-marin. Nous arrivons en queue de pelotons mais nous arrivons, pas peu fiers d’être allés jusqu’au bout en essayant de comprendre et d’apprivoiser l’océan.

Il y a sur cette île des légendes du surf, de ceux qui comptent dans l’histoire et la culture de l’île dont la personnalité impose le respect : Brian Keaulana, surfeur, waterman, coordinateur de cascade pour Hollywood sur Hawaii, sauveteur, formateur en fait partit. Son père Buffalo Keaulana faisait partit des premiers beachboys avec le Duke. Notre rencontre est riche, il nous explique les valeurs que lui a transmis son père et comment il les fait perdurer à travers sa pratique et son engagement Ce sont les valeurs Aloha et du surf qu’il essai de promouvoir sur son ile et ailleurs : respecter la terre, respecter l’océan, respecter les autres personnes. Brian nous rappelle que « nous ne sommes pas divisés par la terre et nous sommes connectés par l’eau. La terre c’est là où on dort et l’eau c’est là où on vit. L’océan est partout dans le monde donc nous sommes toujours chez nous. Ce qui fait nos valeurs c’est le partage de notre savoir, le partage de nos compétences, le partage de la nourriture. Tout cela est transmis de génération en génération par nos ancêtres »

Quand je l’interroge sur le surf aux Jeux olympiques, il m’explique se réjouir de cela et pour tous les sportifs hawaïens qui seront présents, même s’il pense qu’il serait plus sage de reporter la compétition au regard du covid 19. D’ailleurs il pense même que les Olympiens seront prêt à les reporter pour protéger l’humanité face au virus, c’est dans l’esprit Olympique et dans l’esprit Aloha. (au moment de l’interview, le CIO était encore loin d’exprimer la possibilité de les décaler)

Rico nous confirme cette forte culture et respect de l’océan qui guide tous les waterman. Rico a beaucoup appris en 20 ans en cotoyant les locaux sur les vagues et sur terre. « Ici les journées sont rythmées par l’océan : c’est l’océan qui te fait choisir l ‘activité que tu vas faire dans la journée, c’est l’océan qui décide et toi tu t’adaptes »

La compétition lui a appris à se surpasser, à être à 100 % de ses capacités sur les 20/30 min de vagues qui lui sont accordées par les règlements. A faire aussi partit d’une grande famille qui lui permet de se réjouir pour les vainqueurs même quand ce n’est pas lui qui obtient la première place ! Il rajoute « Ce qui compte est de savoir qu’on a donné le meilleur de nous-même ». Le meilleur de lui-même il l’a aussi donné en créant la première fédération internationale de surf tandem et en organisant la première compétition à Hawaii fondée sur des critères de jugements précis, jusque-là inexistants.

Bien sur la première des valeurs du surf tandem est le partage : la discipline oblige le partage de la planche. Et puis il y a la sécurité avant tout pour toujours assurer la sécurité de sa partenaire qui oblige à beaucoup d’attention et de confiance dans le couple.

Il m’explique avec beaucoup de lucidité que les JO sont devenus un tel business que les athlètes sont très focus sur leur personne, leur performance et leur réussite pendant la compétition, et c’est normal dans ce contexte. Alors que les JO serait l’occasion pour chacun de partager sa culture et des valeurs communes nécessaires aujourd’hui comme l’écologie ou la paix dans le monde.

Le temps change, la tempête arrive sur l’ile, le coronavirus aussi. Honolulu et Waikiki continue de bouillonner dès que la pluie s’arrête et que la nuit tombe, comme si de rien n’était alors que les nouvelles de France sont alarmantes. Pour notre dernier jour à Hawaii, je pars surfer une heure sous la pluie la vague Queen car je sais que dans quelques jours ce ne sera plus la pluie qui ralentira notre aventure, mais bien le Covid19.